Lance Armstrong revient dopé à fond. Il va gagner car parmi tous ces coureurs dopés, lui l'est le mieux...
Tous les coureurs du Tout de France sont dopés. Armstrong revient uniquement pour gagner sinon ce retour n'aurait pas de sens.
En fait Lance s'est dopé comme tou, le monde mais mieux que tout le monde, pour les tours qu'il a gagnés et là il revient avec une potion fabuleuse.Paraît que toutes ces saloperies,ça leur enlève 18 ans de vie.
Dans l'Humanité
Lance Armstrong, l'obscur...
Livre. Rédacteur en chef de l’Humanité et fidèle suiveur du Tour de France depuis 1989, Jean-Emmanuel Ducoin publie un violent pamphlet contre le cycliste américain Lance Armstrong. Par Gérard Modillat.
Paraphrasant Alain Badiou, Jean-Emmanuel Ducoin [1] met d’emblée les pieds dans le plat ou plus précisément Armstrong en question, s’interrogeant de quoi le cycliste américain est-il le nom ? l’origine ? le diagnostic ? l’accusation ? le programme ? le produit ? le signe ? Si Armstrong a plus d’un Tour à son palmarès, Ducoin a plus d’une dent sur son grand plateau de pamphlétaire. Car, pour lui, il y a urgence. Urgence à briser la loi du silence qu’imposent Armstrong et ses avocats autour de ce qui semble n’être qu’un secret de polichinelle pour les instances sportives, la presse et le peloton : il y a un Armstrong avant sa maladie et un Armstrong après. Un Armstrong qui finit ses premiers Tours dans les etc. (avant) et un qui écrase les suivants d’une incroyable supériorité (après). Un Armstrong qui « d’un bon coureur (incontestable) » devient « un coureur hors normes (très contestable) ».
La maladie d’Armstrong (cancer des testicules) ayant nécessité un puissant traitement médicamenteux, tel Obélix, Lance serait tombé dans la marmite de potion magique et devenu imbattable. Après son cancer, alors qu’il était donné comme perdu, Armstrong revient non seulement guéri, mais littéralement transformé. C’est un autre homme : perte de poids, développement extraordinaire de sa puissance musculaire, moral en acier trempé. Un mutant qui ne transpire ni ne souffre jamais. Un homme insensible à la fatigue, qui grimpe plus vite que son ombre et bat tous les records contre la montre. L’histoire est belle, encourageante pour les malades, édifiante pour les enfants des écoles. Trop belle pour être vraie en somme.
Jean-Emmanuel Ducoin, qui participera en juillet 2009 à son vingtième Tour de France, reprend point par point toutes les étapes de cette mutation qui, si elle se vérifiait, marquerait une avancée considérable de la science puisque, désormais, non seulement le malade échapperait à la maladie mais renaîtrait au monde plus beau, plus grand, plus fort qu’avant ! C’est, hélas, pas tout à fait le cas. Lazare n’est pas plus sorti du tombeau qu’Armstrong est devenu miraculeusement autre. Les bons docteurs du vélo ont vite pris le relais des cancérologues et, d’EPO en corticoïdes et autres molécules de la gagne, ont « inventé » le nouvel Armstrong. Appuyant son enquête sur les témoignages des anciens équipiers, soigneurs, managers ayant approché le Texan miraculeux, Ducoin donne tous les noms (quasiment toutes les adresses !) de ces bonnes fées du vélo, attaque la forteresse de mensonges qui les protège, dénonce l’omerta et les pratiques mafieuses du monde cycliste. Ce qui ne va pas de soi.
Quand l’Équipe publie une incontestable enquête prouvant qu’Armstrong marchait à l’EPO lors de sa première victoire, ses avocats se chargent aussitôt de plaider la prescription, tandis que notre héros conteste la qualité des laboratoires d’analyse, conchie ceux qui osent confirmer les travaux médicaux alors que le journal (dont la propriétaire est aussi celle du Tour) s’empresse de faire taire ses journalistes pour ne pas gâcher le commerce. Quant à Armstrong, sa réponse à la question du dopage est d’une simplicité biblique : « Tout le monde le fait. » Rideau, circulez, il n’y a rien à voir, rien à dire. Mais, au fond, cette question du dopage n’est pas celle qui travaille le plus Jean-Emmanuel Ducoin. Armstrong se dope, très bien, il n’est pas le premier ni le dernier et, cyniquement, on peut penser qu’il n’est qu’un professionnel se donnant les moyens de bien faire son boulot pour satisfaire son employeur. Avec la même précision documentaire, Jean-Emmanuel Ducoin aurait pu mener ses investigations sur l’athlétisme, le football, le rugby, la natation, le tennis, tous les sports où désormais prime l’idée d’assurer le spectacle pour satisfaire les sponsors. Armstrong n’est qu’un parmi les acteurs de ces « spectacles sportifs » que l’on qualifie encore - à tort - de sport.
Armstrong est un symptôme de la perversion des valeurs sportives, le produit d’une société capitaliste qui ne vit que pour vendre. Avec Armstrong, elle vend de la performance et du produit pharmaceutique comme d’autres vendent des idées, des disques ou de la crème à raser. La critique de cette société du spectacle a déjà été faite et bien faite par Debord. N’y revenons pas. Ce qui compte pour Jean-Emmanuel Ducoin, c’est qu’Armstrong (qui ne court plus qu’une course par an !) « n’a pas écrit une seule ligne de la légende du cyclisme ». Il est « le Néant de la route ». Quand on pense à Anquetil (à la mémoire de qui le livre est dédié), à Coppi, à Merckx, à Hinault, à Fignon, à Bahamontès et à tant d’autres, mille images viennent à l’esprit, mille exploits où le panache, la fantaisie, l’audace et la démesure font, des années après, encore vibrer ceux qui aiment le vélo. Avec Armstrong : rien. Armstrong n’a pas de visage, pas de corps. Il n’est qu’une machine anonyme lancée à toute allure, un homme obscur dont l’obscurité ne masque qu’un misérable petit tas de secrets à jeter aux ordures comme ce sac-poubelle plein de seringues qu’Emma O’Reilly (soigneuse en chef de l’équipe US Postal et masseuse personnelle du Texan de 1998 à 2000) fut chargée de faire disparaître après le tour des Pays-Bas.
Pour Jean-Emmanuel Ducoin, c’est ce « rien » qui tue le cyclisme et qui détruit cette grande fête populaire qu’est le Tour de France. Armstrong est au cyclisme ce que Richard III est au théâtre shakespearien, l’image du mal absolu, du plus méchant, du plus malin, du plus disgracié qui, pour se venger, tue ceux qui lfait roi, les trahit pour assurer sa gloire, élimine tous ses rivaux, les piétine, les méprise autant qu’il méprise le peuple et finira seul au milieu d’un champ de ruines hurlant : « Mon royaume pour un vélo ! » C’est cette figure haïssable qu’interroge Jean-Emmanuel Ducoin, encore et encore. Une figure du mal qui ne finit pas de nous interroger tant elle dépasse la question sportive.
Gérard Mordillat, écrivain, réalisateur
Jean-Emmanuel Ducoin a déjà publié chez Michel de Maule
un recueil de chroniques, Notes d’Humanité(s), Journal d’un effronté (2007) et Tour de France, une belle histoire ? (2008). Il publie également, le 11 juin prochain, Nous étions jeunes et insouciants, avec Laurent Fignon, aux Éditions Grasset (400 pages).
[1] Lance Armstrong, l’abus !,
de Jean-Emmanuel Ducoin,
aux Éditions Michel de Maule (100 pages, 10 euros).
Cyclisme : "Bien sûr qu'Armstrong se dope"
Lance Armstrong vise une huitième victoire sur le Tour de France. (Reuters)
Le 01/07/2009 - Grand spécialiste mondial du dopage, le docteur Jean-Pierre de Mondenard est le co-auteur de La grande imposture, ouvrage sorti quelques jours avant le départ du Tour de France 2009. Ancien médecin de la Grande Boucle, ce Nîmois fondu de cyclisme ne mâche pas ses mots quand il parle du retour de Lance Armstrong, grand coureur selon lui, mais certainement pas irréprochable. ASO, l'organisateur de la Grande Boucle, et la presse en prennent aussi pour leur grade.
Docteur, à la lecture de votre livre, on ne peut pas dire que vous soyez le premier supporter de Lance Armstrong.
Je
n'ai rien contre Lance Armstrong en particulier. Mon rôle est de
décrypter les phénomènes du sport. On se retrouve dans un monde à deux
têtes, avec d'un côté des sportifs qui mentent sur leurs pratiques et
de l'autre le monde de l'antidopage qui ment sur les résultats. Pour
avoir été médecin de l'intérieur, sur le Tour de France pendant trois
ans (de 1973 à 1975, Ndlr), j'ai des éléments pour décrypter les
messages et l'hypocrisie qui règne dans le monde du sport en général et
du cyclisme en particulier. Bien sûr qu'Armstrong se dope. Mais moi
j'essaie d'apporter mes connaissances à ceux qui n'ont qu'un seul son
de cloche. Qu'on ne se trompe pas, Armstrong est un très bon coureur.
Qu'il triche devrait me choquer, mais comme presque tous les autres
font pareil... Ce qui me gêne le plus avec lui, c'est qu'il persiste à
vouloir se faire passer pour le héros de la lutte antidopage. Il prend
le public pour des imbéciles.
Vous semblez aussi tenir à démystifier l'homme miraculé du cancer.
Oui,
ça aussi me dérange. Il a certes eu un cancer mais celui des testicules
est le plus facile à soigner. Aujourd'hui, la grande majorité des
malades qui souffre de ce cancer s'en sort. Parmi tous les sportifs de
haut niveau qui l'ont contracté, à ma connaissance et après de
nombreuses recherches, aucun n'en est mort. Il n'y a donc rien
d'extraordinaire au fait qu'Armstrong s'en soit sorti, la
chimiothérapie avec lui a tout de suite pris. Fignon, s'il parvient à
s'en sortir, sera un survivant du cancer. Pas Armstrong.
"ASO lui dresse le tapis rouge !"
Comment pouvez-vous affirmer qu'Armstrong soit un cycliste dopé alors qu'il n'a jamais été contrôlé positif ?
Devant
la justice, quand une personne témoigne contre une autre sans preuve
concrète, elle n'obtient rien. Mais quand dix témoignages disent la
même chose, alors on appelle ça des preuves testimoniales. Et des
dizaines de personnes ont témoigné contre lui ! De 1947 à 2008, et si
l'on excepte les deux derniers vainqueurs et encore, tous ont eu des
casseroles sauf Greg Lemond même si je ne mettrai pas ma main au feu
sur le fait qu'il était clean. Pour Armstrong, on n'a pas une casserole
mais une quincaillerie de casseroles ! Et le pire c'est qu'il répond
toujours la même chose : «Je n'ai jamais été contrôlé positif».
Marion Jones, qui a été contrôlée des centaines de fois, n'avait jamais
été prise et pourtant... Tous les tricheurs s'appuient sur la
négativité de leurs contrôles, c'est leur façon de se défendre et ils
répètent cela en boucle. Tous ses plus coriaces adversaires qu'il a
dominés sur le Tour de France se sont fait choper. Alors soit c'est un
mutant, soit c'est un menteur. Je vous laisse vous faire votre opinion.
Qu'est-ce qui vous déplaît le plus dans l'annonce de son retour ?
La
mise en scène. Prenons l'exemple de son interview donnée sur France 2
il y quelques jours (dans l'émission Vivement dimanche le 28 juin). Il
savait que Michel Drucker ne lui poserait pas de vraies questions, que
tout était entendu d'avance. Armstrong a commandé son retour. Le plus
dérangeant c'est le jeu d'Amaury Sport Organisation (ASO) qui se disait
le chantre de l'éthique. Ils envoient avec la présence de Lance sur le
Tour le message le plus pervers que l'on puisse envoyer au monde
entier. On lui dresse carrément le tapis rouge ! Tous ses anciens
concurrents ont été rattrapés par la patrouille et lui débarque comme
si de rien n'était.
Vous n'êtes pas tendre avec
quelques-unes des grandes instances sportives (CIO, CNOSF, présidents
de fédération, ministres des Sports) mais aussi avec les journalistes
que vous qualifiés également d'"hypocrites faisant semblant d'être
choqués par le dopage sportif".
Quand j'étais vraiment à
l'intérieur du Tour, donc entre 1973 et 1975, je peux vous dire que
tout le monde était pour le dopage. Mais une fois devant les médias, le
discours changeait radicalement. On entendait l'inverse. Pourquoi
pensez-vous que les grands quotidiens que sont L'Equipe, Le Monde, Le
Parisien ne me demandent jamais mon avis en matière de dopage ? La
presse depuis toujours fabrique ses spécialistes. Tout est formaté.
Parfois, ils prennent des gens qui ne le sont pas au départ et
finissent par le devenir... Il y a quand même des journalistes qui font
leur boulot mais eux sont souvent à l'extérieur, ils n'ont pas accès à
toutes les informations. Et vous savez quand on est dans l'avion du
président, on a envie de garder sa place. C'est pareil dans le monde du
sport. Je ne mets personne en cause mais le système.
"Les vingt premiers dans les cols roulent à l'oxygène..."
Le
Tour de France sera cette année encore placée sous haute surveillance
en matière de lutte antidopage. Cela fait-il sourire le spécialiste que
vous êtes qui dresse dans son ouvrage un tableau avec bon nombre de
produits encore indécelables ?
Vous savez, l'amélioration des
contrôles professionnalise les tricheurs. Parfois, comme l'an dernier,
une substance est décelée pour la première fois. C'était le cas de
l'EPO CERA en 2008. Quelques coureurs se font attraper mais ce sont
eux, les premiers pris, qui paient pour les autres. Parce que les
autres, une fois qu'ils savent que ce produit est détectable, ils en
changent. Il y a un tel écart entre la recherche et les produits
utilisés par les tricheurs...
Que pensez-vous du passeport biologique ? Est-ce un outil satisfaisant pour les chercheurs ?
C'est une avancée. Cinq coureurs ont été pris (les
Espagnols Igor Astarloa, Ruben Lobato Elvira, Ricardo Serrano Gonzalez
et les Italiens Pietro Caucchioli et Francesco De Bonis, Ndlr). Il
faut maintenant voir s'ils vont être sanctionnés. Sinon ce sera un
pétard mouillé. Ces passeports ne sont pas encore déterminants mais on
en est qu'aux prémices. Si tout était au point, c'est tout le peloton
ou presque qui se serait fait prendre. Ce qui me dérange pour le
moment, c'est qu'il n'y ait que cinq coureurs dans le viseur. Pour moi
le peloton se divise en quatre catégories. Les vingt premiers dans les
cols « roulent à l'oxygène » : l'EPO, les transfusions autologues.
Ensuite il y a ceux qui utilisent des produits borderline comme
l'Actovegin, le Neoton qui est une créatine injectable. Dans la
troisième, on retrouve ceux qui courent avec des AUT (Autorisation à usage thérapeutique, Ndlr),
autorisations pour tricher selon moi. Ce sont des dopés autorisés...
Enfin, il y a ceux qui ne prennent rien et ce sont les moins nombreux.
Bernhard
Kohl, récemment passé aux aveux, estime que le passeport biologique
aide les tricheurs à connaître les valeurs sanguines dans lesquelles
ils doivent rester pour ne pas attirer l'attention.
Oui, c'est
une de ses limites. Il n'est pas le premier à dire cela. Philippe
Gaumont expliquait la même chose quand il disait que cela permet de
«refaire les niveaux pour être en conformité». Mais la chose la plus
importante dans l'interview de Kohl, c'est qu'il actualise les faits du
dopage. Tout ce qu'il raconte on connaît déjà mais cela confirme que
rien n'a changé. Alors quand certains parlent de renouveau c'est
vraiment bidon. Vous imaginez que Rebellin (contrôlé positif à l'EPO CERA à posteriori, Ndlr), sur le podium des Jeux de Pékin, a dit : «C'est la victoire du sport propre». C'est affligeant d'entendre des absurdités pareilles.
En
tout cas, comme tous les repentis, Kohl s'est attiré les foudres de ses
ex-collègues qui n'ont pas hésitéà le traiter de menteur...
Le
sportif de haut niveau est programmé pour mentir. Et quand il déballe,
vous êtes sûr qu'il dit la vérité. Là, le milieu va le marginaliser,
dire que c'est un mec pas bien. Ça a été pareil avant lui, avec les cas
Bassons, Menthéour, Manzano... L'histoire de Bassons est exemplaire car
il s'agit de l'un des seuls à avoir parlé sans avoir été contrôlé
positif. La plupart des coureurs passe aux aveux une fois avoir été
rattrapés par la patrouille.
Pour en revenir au Tour de France, pensez-vous que Lance Armstrong a une chance de le gagner pour la huitième fois ?
C'est
possible. Son problème majeur c'est Contador. A l'époque, Armstrong
avait huit coureurs à son service, ce ne sera pas le cas cette année
puisqu'ils vont devoir se partager les coéquipiers. Je pense que ça va
être sanglant dès le contre-la-montre de Monaco. Parce que pour l'un
comme pour l'autre il faudra être devant, ou tout du moins pas très
loin.
* La grande imposture, Jean-Pierre De Mondenard, entretiens avec David Garcia. Editions Hugo&Cie.