Record de hauteur en plongeon au USA 172 feet = 52 mètres
http://www.dailymotion.com/video/x6e6oa_dana-kunze-172-ft-dive_sport
Par Olivier PAQUEREAU
Vous êtes au sommet d'une falaise. Environ trente mètres plus bas, se situe un point d'eau. Votre mission ? Sauter ! Ce sport extrême ne regroupe qu'une petite communauté. Mais le spectacle est garanti. Et les risques aussi.
Les sensations fortes sont garanties. (D.R.)
Trois secondes à 90-100 kilomètres/heure
En anglais, on appelle cela le
cliff-diving.
Traduisez : le plongeon de falaise. On peut aussi évoquer le super
haut-vol. Un titre impressionnant mais pas du tout ronflant. Aux Jeux
Olympiques, c'est au maximum de dix mètres que les plongeurs
s'élancent. Dans la catégorie évoquée, comptez jusqu'à vingt-huit
mètres de distance entre la plate-forme de départ et le point de chute.
Spectaculaire, le super haut-vol ne regroupe, de par le monde, qu'une
vingtaine de pratiquants. Des fous ? « Ma famille et mes amis disent cela», rigole Cyrille
Oumedjkane, le Français le plus expérimenté dans la discipline. A 29
ans, cet entraîneur de plongeon traditionnel, basé à Strasbourg, a
tenté l'aventure par pure curiosité. En 2004, il a bouclé la saison à
la sixième place mondiale, quatre ans après ses débuts. Trois autres
Français sont aussi engagés : Hassan Mouti, Guy Luttmann et Laurant
Fischer. Les deux premiers ont été classés à l'Euro 2004.
Quand on croise un adepte de sensations fortes, la
question qui brûle les lèvres est : que ressentez-vous au moment
d'accomplir une action a priori insensée ? « Une montée d'adrénaline et un relâchement total, résume Oumedjkane.
J'ai le sentiment de voler.»
D'aller vite aussi. Un plongeon d'une telle hauteur dure à peu près
trois secondes. Les spécialistes du super haut-vol atteignent alors une
vitesse de quatre-vingt-dix à cent kilomètres à l'heure. L'enjeu
devient double : assurer un bon enchaînement de figures et effectuer
une bonne réception. Gare à ceux qui manquent ce dernier exercice. Les
risques de blessure sont sérieux. « Il y a deux ans, j'avais programmé une série de quatre saltos, raconte Cyrille Oumedjkane.
Mais,
avant moi, quelqu'un a tenté la même chose et est rentré la tête la
première dans l'eau. Suite à ce choc, il n'a pas pu lever les bras
pendant plusieurs jours. En ce qui me concerne, j'ai sauté d'un pont à
vingt-huit mètres et me suis déchiré les fibres musculaires au niveau
des adducteurs.» Pour anticiper toute déconvenue, les plongeurs de
super haut-vol sont tenus de montrer au jury, qui les notent durant les
compétitions, les figures qu'ils ont prévu de réaliser. « Il y a des plongeons que je ne souhaiterais pas effectuer»,
avoue Oumedjkane. A la réception, se trouvent un encadrement médical
avec un bateau et plusieurs plongeurs avec bouteille qui peuvent
recueillir les blessés éventuels. Le record du monde du plongeon le
plus haut est de cinquante-quatre mètres. « Mais le type a fini à l'hôpital» confie Cyrille Oumedjkane en guise d'anecdote.
Il n'y a aucune épreuve en France
Historiquement, le super haut-vol est une pratique ancienne, seulement mise à jour récemment en matière d'organisation. « Auparavant, cela servait surtout à mettre en avant des exploits plutôt que des actes sportifs, explique Rémy Hammer, juge-arbitre dans la discipline mais, lui aussi, entraîneur de plongeon traditionnel. On voulait entrer ainsi dans le livre des records.» Le déroulement des compétitions était, jusqu'à présent, régi par un sponsor, Red Bull, le fabricant de boissons énergétiques. Ce dernier est interdit de commercialisation en France. Du coup, pas la moindre épreuve n'est organisée dans l'Hexagone, même s'il existe des sites dans les gorges du Tarn ou les Calanques. Aujourd'hui, on s'élance depuis les falaises de Monte-Carlo, de Suisse, de République tchèque ou encore d'ex-Yougoslavie. Au niveau des institutions, la Fédération française n'intervient pas dans le super haut-vol. « Elle n'a rien contre mais ne veut pas gérer, constate Rémy Hammer. Du coup, cela ressemble à de l'artisanat. Il n'y a pas de contrôle et les compétiteurs doivent trouver une assurance.»
Cyrille Oumedjkane ne vit pas de cette activité. Mais, quand il s'aligne dans un concours, son voyage et son hébergement sont pris en charge par l'organisateur. Les dotations, elles, oscillent entre 4500 et 12000 euros. Certains plongeurs parviennent à décrocher des contrats publicitaires. Mais la démarche reste laborieuse. « L'espace d'expression que je propose, c'est mon slip de bain,glousse Oumedjkane ! C'est trop petit pour intéresser quelqu'un !» Reste alors le public, pour se faire connaître. Une compétition peut drainer 500 à 1000 spectateurs. Surtout des curieux, qui veulent voir de quoi il s'agit. Le sensationnel plaît toujours. Eurosport a diffusé quelques compétitions, ces dernières années, et un documentaire a été réalisé par une école de cinéastes sur Orlando Duque, le champion du monde colombien.
Mais, pour conclure la présentation du super haut-vol, où il n'intervient que ponctuellement, Rémy Hammer affiche néanmoins une certaine réticence. Il défend avant tout sa première activité : « Pour faire cela, il faut être un bon plongeur et ne pas être trop vieux. En même temps, cela vous empêche de faire carrière dans le plongeon traditionnel. C'est dommage.»